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Les matières plastiques.

 

La consommation des français dépasse 4 millions de tonnes chaque année.

Les secteurs d'utilisation sont l'emballage (38%), le bâtiment (19%), l'électricité (10%), les transports (10%), ...

Ces 30 dernières années, la production mondiale de plastique a plus que doublé, alors que celle de l'acier et de l'aluminium stagnait !

 

I. Temps, argent, hygiène : le plastique nous a facilité la vie.

Les matières plastiques sont formées d'une chaîne de molécules toutes semblables. Elles peuvent se décliner selon des milliers de formules différentes. Pourrions-nous imaginer un monde sans elles ? Des canalisations aux cosmétiques, elles sont partout.

Faites les comptes : de la paire de bas au réservoir de la voiture, de l'emballage du steak aux canalisations de l'immeuble, des rouges à lèvres aux crèmes solaires, pas un gramme de notre quotidien qui n'ait été colonisé par les plastiques !

Voilà longtemps que les plastiques nous facilitent la vie : bassines en polyéthylène et buffets en Formica ont investi nos cuisines. Bien sûr, ce progrès est aussi celui du développement de l'équipement électroménager. Mais il serait inaccessible aux revenus modestes si le plastique n'avait pas contribué à en abaisser les prix.

En effet, quand elles sont en polymères, les pièces diverses, les carcasses d'aspirateurs et autres robots peuvent être fabriqués en une seule fois. Elles sortent du moule - précis au dixième de millimètre près - et sont immédiatement utilisables. Plus besoin d'usinage onéreux, comme le nécessitent les pièces en métal. Le remplacement du bois, du cuir, de la laine et des autres textiles naturels par des plastiques a démocratisé les équipements. Nos salons sont la meilleure vitrine de cette prédominance : moquette en acrylique, canapé en mousse de polyuréthane recouverte de viscose ou de Skaï voisinant avec le meuble stratifié où trônent les CD en polycarbonate et la chaîne hi-fi, elle aussi en plastique. Les objets de haute technologie n'échappent pas à cette évolution.

La facilité avec laquelle on accède à ces biens de consommation a bouleversé nos comportements. L'objet que l'on conservait toute une vie a cédé la place à ceux que l'on change régulièrement. Stylos, briquets, lunettes se succèdent à une cadence infernale dans nos poches. Paradoxalement, dans une ère de matérialisme effréné, le plastique nous détache du matériel ! Plus positivement, il est aussi un formidable allié pour l'hygiène et l'alimentation. Le matériel médical jetable, comme la seringue à usage unique, démontre tous les jours sa supériorité sur le matériel à stériliser. Par ailleurs, l'organisation mondiale de la santé estime que, dans des pays en développement comme l'Ethiopie, plus de la moitié des denrées agricoles et alimentaires est inutilisable faute d'avoir pu correctement être mise à l'abri dans des conteneurs étanches. Tandis qu'en Europe 95 % des emballages alimentaires sont en plastique, ce qui a facilité le transport et le stockage des marchandises et joué un rôle déterminant dans l'explosion de la grande distribution.

La greffe d'un cristallin artificiel en plexiglas permet à des milliers de gens de guérir de la cataracte

 

Aujourd'hui, le plastique investit de nouveaux domaines. Loin de se contenter des 10 kilos de composants totalisés sous le capot d'une voiture de série, la firme Ford possède également des prototypes de moteurs en plastique, dont seuls les pistons, les chambres de combustion et quelques pièces mobiles sont encore en métal. Dernier bastion du métal, l'électricité est aussi la cible des polymères. Ceux-ci sont isolants en général, mais les chimistes ont réussi à fabriquer des plastiques aussi bons conducteurs que l'aluminium. L'hégémonie métallique dans l'électricité finira quand les plastiques sauront égaler la conductivité du cuivre. Juste une question de temps.

 

II. L'habillement n'y échappe pas : plus de 50% des fibres textiles sont d'origine chimique.

Non contents de reproduire la nature, les chercheurs inventent des textiles en fonction de chaque besoin.

A la source de cette débauche d'inventivité, les laboratoires des grands de la chimie, qui rivalisent pour mettre au point les textiles de demain. Rhône-Poulenc dépense par exemple chaque année quelque 60 millions d'euros pour la recherche et le développement dans le secteur Fibres et polymères. La survie d'une industrie qui, rien qu'en France, fournit 205 000 emplois (400 000, si l'on intègre la filière de l'habillement) en dépend.

Tributaire du cours du coton et de la production des vers à soie, l'industrie textile a très tôt cherché à s'affranchir de cette dépendance, notamment à l'égard des pays asiatiques. D'où le cri vengeur des Américains pendant la dernière guerre mondiale, qui traduisaient le nom de Nylon par : " Now You, Lousy Old Nippons ". Littéralement : " A nous deux, sales vieux Japonais " !

Aujourd'hui, les pays industrialisés ont du mal à rivaliser avec les pays en voie de développement dans la production de fibres naturelles. Mais ils sont maîtres des fibres chimiques, qui représentaient, en 1990, plus de 54 % de la production mondiale, contre seulement 15% en 1952... Français et Anglais avaient été des précurseurs en inventant, au XIXe siècle, une soie artificielle à partir de la cellulose. Mais le premier textile 100 % chimique, le fameux Nylon, a moins de soixante ans. Lancé par Du Pont de Nemours, il a d'abord été utilisé pour fabriquer... des poils de brosse à dents, des fils de pêche ou des toiles de parachute, avant même qu'on ne pense à l'utiliser dans l'habillement.

De cette pâte acrylique, on fera des fibres de Dralon. Une usine moyenne produit chaque jour 150 tonnes de fibres : autant que la laine de 12 millions de moutons !

En 1941, pour remplacer le coton, ICI lance le polyester. Rhône-Poulenc en fait un produit fétiche sous la marque Tergal. Avec ses plis permanents et son extraordinaire résistance aux lavages, il conquiert toutes les garde-robes. Au rang des célébrités de l'époque figurent également l'acrylique, les viscoses et l'incontournable Rhovyl, plus connu sous le nom de Thermolactyl, pendant que, déjà, se trame la révolution du Lycra, certainement l'une des plus grandes réussites depuis le début du siècle. Sortie en 1959 des laboratoires de l'inévitable Du Pont, cette fibre élastique synthétique commence par supplanter le latex lourd et jaunissant des sous-vêtements féminins. Souple et léger, il ne craint ni les produits chimiques ni la transpiration. Par ailleurs, il est peu onéreux, puisqu'il se mélange. en quantités infinitésimales, à tous les textiles.

Les recherches portent aussi sur la fabrication et le traitement des tissus. Exemple : le Gore-tex. inventé en 1969, est obtenu en étirant sur un fil une membrane plastique criblée de trous de moins de un millième de millimètre. Parfaitement étanche à l'eau, il laisse pourtant respirer la peau. Autre prouesse, au crédit des chercheurs japonais : l'invention d'un fil plus fin que la soie, la microfibre. Ce n'est pas un nouveau matériau. mais le fruit de nouvelles technologies permettant d'étirer moins de un gramme de fibre en un fil de 10 kilomètres qui, une fois tissé, allie imperméabilité, douceur et légèreté.

Et demain ? La réalité se chargera peut-être de dépasser les rêves les plus fous : sous-vêtement intachable, costume trois-pièces ignifugé, T-shirt libérant des médicaments, chemise hawaïenne antimoustique, collant parfumé ou chemise de nuit somnifère … tout paraît possible !

Vêtements changeant de couleur avec la météo ou la température existent déjà !

 

III. L'avenir ? Le règne du plastique est-il menacé ?

 

Le plastique présente quelques faiblesses qui pourraient ébranler son hégémonie.

Qu'ils emballent nos ordures, nos vêtements ou nos courses, nous jetons sans regret, chaque jour, beaucoup d'emballages en plastique. Bien sûr, l'ensemble ne pèse qu'une centaine de grammes. Mais l'accumulation de ces pelures est devenue le triste drapeau de nos sociétés modernes. Il faut en effet en convenir : les plastiques ont les défauts de leurs qualités. Voici en trois points pour quelles raisons ces matériaux sont menacés.

 

Le problème du recyclage.

Certes, il existe des plastiques biodégradables. Mais ils sont chers et peu robustes. Les autres polymères, eux, résistent aux agressions chimiques, mais aussi à la dégradation naturelle ! Pour s'en débarrasser, deux solutions: les brûler ou les enterrer. Des procédés polluants, car certains plastiques comme les PVC sont riches en métaux lourds qui s'accumulent dans l'environnement. Pas étonnant que les plastiques soient la bête noire des écologistes. Déjà, les moins recyclables, comme les bouteilles en PVC, à base de chlore, sont interdits en Suisse et au Danemark ou soumis à des taxes en Allemagne et aux Pays-Bas.

 

Les plastiques sont aussi sous la menace d'une hausse du prix du pétrole.

En effet, la plupart des molécules de base servant à la fabrication des plastiques proviennent de produits pétroliers. Une hausse importante des prix du pétrole brut (comme lors des deux précédents chocs pétroliers, notamment en 1974) les rendrait moins bons marché et pourrait relancer d'autres matériaux.

 

Le retour des matériaux traditionnels ?

Dans le domaine des matériaux traditionnels, la recherche ne reste pas inactive. Verre et métaux, après avoir été dépassés par les plastiques, retrouvent un peu leur gloire perdue. Le verre moderne est bien plus léger qu'avant et peut subir de nombreux traitements chimiques améliorant ses qualités. Les métaux, et notamment l'acier, ont pour eux un prix de revient faible, par rapport à certains plastiques " haut de gamme ". On constate ainsi que, depuis quelques années, les constructeurs automobiles ont presque tous abandonné l'option carrosserie plastique au profit de tôles en acier à haute élasticité. Même les designers de chez Canon, ont utilisé de l'aluminium à la place de polycarbonate pour habiller leurs derniers appareils photo.

 

IV. Et nos emballages ?

La plupart de nos emballages (surtout alimentaires) sont en matières plastiques. Sur ces emballages, un logo et un chiffre permettent de connaître la matière plastique utilisée, comme cet exemple pris sur un sac plastique :

Les 7 catégories sont :

1. polyéthylène téréphtalate (P.E.T)

2. polyéthylène haute densité (P.E.H.D)

3. polychlorure de vinyle (P.V.C)

4. polyéthylène basse densité (P.E.B.D)

5. polypropylène (P.P)

6. polystyrène (P.S)

7. les autres : polycarbonate, plexiglas, polyamides (nylon), polyuréthanes, etc.

 

Les matières plastiques sont omniprésentes dans nos emballages. Ici, 10 objets sur 16 :

 

V. Les grandes dates.

1909. Les téléphones, jusqu'alors réalisés en bois et en métal sont fabriqués en bakélite. Un plastique facilement cassant qui n'est plus utilisé aujourd'hui.

1940. Naissance des premiers pneus en caoutchouc synthétique (néoprène). Ceux-ci annoncent la fin du caoutchouc naturel (latex).

1945. Le Nylon remplace la soie pour la confection des bas, comme il l'avait fait pour les parachutes durant la seconde guerre mondiale.

1946. Les premiers pots de yaourt en polyéthylène font leur apparition et commencent à détrôner le verre.

1960. Apparition des premières bouteilles d'eau minérales en P.V.C. Il faudra attendre 1976 pour voir le P.E.T. le remplacer pour cette utilisation.

1965. Les poêles se recouvrent de Téflon, plastique anti-adhérant.

1975. Symbole de la société de consommation, les rasoirs puis les briquets jetables BIC investissent notre quotidien, comme 25 ans plus tôt les stylos à bille !

1980. Le polycarbonate, un plastique antichoc, fait son apparition.

1987. Collants, lingerie …, le Lycra devient omniprésent dans l'habillement. Il permet d'alléger et de rendre plus élastique un vêtement.

200 ?

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